Tracks raconte l’histoire vraie de Robyn Davidson, qui traversa le désert australien à la fin des années 70, avec pour seule compagnie quatre chameaux et un chien. Fatiguée du monde qui l’entoure, du cynisme et du négativisme ambiant, elle effectuera un périple de neuf mois, pendant lequel elle rencontrera des dresseurs de chameaux bourrus, des aborigènes, un photographe prétentieux mais attentionné, des touristes envahissants mais aussi une partie d’elle-même, qui se révélera au milieu des épreuves et de la solitude.
Actuellement à l’affiche, ce film de John Curran se base sur le récit autobiographique publié par l’aventurière trois ans après son périple. Le pari était risqué : comment rendre intéressante une histoire où finalement il ne se passe pas grand-chose? Une femme qui marche dans le désert pendant deux heures, on a déjà connu plus palpitant niveau rebondissements! Le réalisateur évite ici le piège d’une adaptation trop fidèle au texte original, inévitablement très introspectif, et n’utilise une voix off que pour les ponctuations narratives strictement nécessaires. Le rythme du film est alors soutenu par peu de choses : une musique simple jouée au piano, quelques événements mineurs, des plans somptueux de la nature aride et des animaux arrivent à transporter le spectateur dans un temps suspendu.
En restant assez classique et sans se vouloir original, le film arrive à transmettre des émotions basiques, mais finalement essentielles. Il n’y a pas ici de morale ou de message clairement défendu. Entre les lignes, on décèle l’apologie d’une solitude volontaire, la recherche d’une absolution, d’une authenticité, qui prend toute sa consistance grâce au travail de collaboration entrepris avec l’auteur du livre et au jeu des acteurs secondaires (des locaux, pour la plupart), transpirant la rugosité du bush australien.
Tracks vient résonner avec d’autant plus de pertinence dans une époque où les technologies de communication sont omniprésentes, où l’on n’est plus jamais vraiment seuls, et donne furieusement envie de prendre son sac à dos et de partir loin, voir si l’on s’y (re)trouve.
Alexis D.