Le casting du film La Meute de Franck Richard suffit à susciter la curiosité : le chanteur français Benjamin Biolay et les actrices belges Yolande Moreau et Émilie Dequenne face à une meute de zombies !
Situé dans un lieu et à une époque indéfinis, ce long-métrage sorti en 2010 est fortement emprunt d’une ambiance à la « Métal Hurlant » (ndlr : magazine français de bande dessinée). Les codes du cinéma américain y sont respectés mais l’origine franco-belge du film est assumée jusqu’au bout : pas d’effets spéciaux tape-à-l’œil, ni d’artifices scénaristiques (la romance Dequenne/Biolay n’a pas lieu), le tout servi avec des dialogues parfois dignes de Groland.
L’histoire est simple : celle d’une paumée qui rencontre un paumé et qui vont échouer ensemble dans un bar de campagne miteux tenu par une matrone peu affable où sévit une bande de loubards. Mais cette « meute » se révèle bien vite moins dangereuse que celle qui rôde, les nuits de pleine lune.
Bien sûr, les références aux films de George A. Romero, le père du film de zombies sont très nombreuses, mais Frank Richard parvient à s’émanciper du modèle pour créer ses propres monstres à l’allure plus proche de celle d’un croque-mitaine que d’un cadavre réanimé.
De plus, La Meute évite d’alourdir son récit par une critique sociale bancale, comme cela a souvent été le cas dans les films de zombies de ces dernières années, ce qui permet à la narration de coller au plus près de l’horreur dans ce qu’elle a de plus cru, de malsain et d’injuste.
Hélas, cette bonne intention est malmenée par le scénario qui tente de nous expliquer l’origine des zombies, ce qui échoue complètement. En effet, à l’instar du vampire, du loup-garou ou de la momie, le zombie est un monstre de cinéma tellement stéréotypé que le fait de lui donner un background plus étoffé que celui d’un simple mort-vivant mangeur de cerveau est souvent voué à l’échec, comme ici. D’ailleurs, aucun des films de Romero ne s’aventure dans une telle explication.
Malgré ses quelques maladresses, La Meute est un film réjouissant dans le paysage cinématographique francophone grâce à son originalité et son atmosphère étrange. Âmes sensibles, s’abstenir.
Quentin Raillard