Avec Home, la réalisatrice confirmée Fien Troch nous plonge dans une lutte constante entre deux générations : un groupe d’adolescents, dont l’univers est la principale source du scénario, et les adultes qui les entourent.
Le film se déroule en Flandre, où l’on suit le quotidien de Kevin, un garçon de 17 ans au passé difficile, qui loge chez son cousin. Accompagnés de leur amis, ils testent leurs limites et frôlent des extrémités instables.On s’identifie facilement à ces jeunes qui expérimentent les déboires que connaissent de nombreux adolescents au fil de leur scolarité, de soirées, de leurs amitiés et de leurs doutes. On effleure l’intimité de chacun d’entre eux sans trop s’y attarder, mais de manière suffisante pour saisir l’essence de leurs caractères.
Dans l’ensemble, Home met les nerfs du spectateur à rude épreuve : on se souvient de ces injustices qui nous ont frustrés à leur âge. Au fil des péripéties, on réalise même qu’elles vivent encore quelque part au fond de nous. C’est autour de ces injustices que se cristallise la psychologie des personnages, exploitée tout en subtilité. Une tension fragile se met petit à petit en place et l’impression de malaise est accentuée par des situations de plus en plus poignantes et irréversibles, allant jusqu’à l’insoutenable.
Il apparaît à l’écran un contraste flagrant entre l’adolescence typique – bien que rebelle – de jeunes de bonne famille et des faits graves dont on attend l’issue avec impatiente. Ce contraste est encore étayé par la technique de réalisation. Lumières douces et portraits délicats : la réalisatrice nous offre un panel d’instants naturels et soignés.
En opposition à ces scènes soignées, d’autres, composées de vidéos filmées au smartphone par les jeunes acteurs eux-mêmes, ont été ajoutées au montage. Bien que cette technique concède un certain réalisme au film, ces images amateur sont parfois redondantes et pauvres. L’idée est pourtant loin d’être inintéressante mais elle n’est malheureusement pas menée à son apogée.
Par ailleurs, les acteurs sont absolument naturels et surtout amateurs. Kevin, interprété par Sebastian Van Dun, déborde de charisme et son acolyte John (Mistral Guidotti) transperce l’écran. La carrière prometteuse de ces jeunes comédiens est à suivre attentivement !
Quant à la musique, absolument actuelle, elle colle à la vie des personnages principaux. Même si elle prend par moments le pas sur les évènements, la disparité qu’elle génère reste finalement dans la continuité du film.
Dans l’ensemble, Home est donc réfléchi et réalisé avec minutie. On se repose volontiers sur son esthétique méticuleuse et on se laisse emporter sans difficulté par un scénario subtil et nuancé.
Home est sorti en salles le 11 janvier 2017 et a déjà remporté de nombreux prix, dont celui de la meilleure mise en scène à la Mostra de Venise. Il est également nominé pour la 8e cérémonie des Magritte du cinéma qui aura lieu le 3 février 2018.
Ariane Peltier