Du 24 mars au 2 avril 2017, le coeur du Festival Millenium battait au Cinéma Galeries. Depuis 2009, ce festival international nous invite à changer de perspective en nous présentant une cinquantaine de documentaires venus des quatre coins du monde.
Dans cette sélection, BeCult s’est concentré sur trois films consacrés à la thématique du web dans nos quotidiens, chacun avec un point de vue différent : Facebookistan nous confronte au manque de transparence de cet incontournable réseau social, Presenting Princess Shaw nous montre le côté magique de cette dense toile, offrant la possibilité de faire des rencontres a priori improbables, et Down the Deep, Dark Web vient titiller la peur que nous nourrissons à l’égard de l’inconnu. Réalisé par Duki Dror et Tzachi Schiff, ce dernier part d’un premier constat : Internet fait désormais partie de notre quotidien.
Google, Facebook, YouTube, Twitter, Instagram,… Les noms de ces sites font partie de notre vocabulaire courant. Pourtant, cette navigation aussi dense soit-elle ne nous conduit généralement qu’à explorer ce qui pourrait être comparé à la partie émergée de l’iceberg. De son salon à un bunker clandestin à Berlin, en passant par un congrès à Prague, Down the Deep, Dark Web nous emmène sur les traces du journaliste Yuval Orr à la découverte de la partie immergée de cet iceberg : le dark ou le deep web.
Par où entamer cette plongée ? Si votre moteur de recherche usuel peut vous guider vers une entrée, il est évident que vous n’y trouverez que des clefs et des pistes, pas une porte grande ouverte sur ce monde présenté comme obscur. Une fois la chute contrôlée, que trouve-t-on dans le terrier du lapin blanc ? Des armes, de la drogue, de la pédophilie, des tueurs à gages, des snuff movies ? Oui, mais pas que… C’est aussi dans ces profondeurs que se cachent les crypto-anarchistes, grands défenseurs du respect de la vie privée.
En nous entrainant dans les entrailles du web, un des questionnements essentiels que soulève ce film est celui de la ‘privacy’. Ordinateurs, tablettes, smartphones et autres objets connectés font désormais partie intégrante de nos foyers. Au travers eux, la plupart de nos faits et gestes peuvent être surveillés à tout instant. C’est avec le sourire que nous invitions le Big Brother de George Orwell dans toutes les pièces de la maison. Or, les technologies que nous connaissons aujourd’hui sont autrement plus développées et intrusives que celles imaginées dans ce grand roman d’anticipation. Down the Deep, Dark Web nous replonge dans ce contexte post-1984.
L’intelligence de ce documentaire est de ne pas arriver avec des réponses prémâchées. En nous présentant sans jugements différents protagonistes plus ou moins actifs de cet univers underground, il interroge et invite à s’interroger sur ce qui nous est généralement présenté comme le côté obscur de la force. Que se passe-t-il sous l’eau ? Faut-il en avoir peur ? La prise de conscience à laquelle nous sommes invités, offre à chacun l’opportunité de se positionner sur la part de vie privée qu’il souhaite protéger, ou pas.
Ce documentaire est à voir, à montrer, à diffuser. Il donne envie d’en savoir plus. Il montre que sortir de Facebook – aka Likeland – ce n’est pas nécessairement torturer des chiots. Il met en évidence l’importance de formes d’extrémisme pour maintenir un équilibre. À vos claviers, il est disponible en ligne… et sans devoir passer par une connexion cryptée !
Jen H.