Mini-série de huit épisodes réalisée par Alex Garland, Devs suit l’enquête de Lily Chan, qui cherche à expliquer le suicide suspect de son compagnon, Sergueï. Tous deux travaillent pour Amaya, une société de technologie quantique, dirigée par un fascinant milliardaire, gourou et obsédé.
Devs est une série étrange. Étrange de par certains aspects de sa réalisation, de son thème et de sa manière de l’aborder. Elle est à la fois policière et de science-fiction, d’anticipation. C’est d’ailleurs là le point délicat. En effet, l’anticipation et le policier ont du mal à se tutoyer au cours des premiers épisodes : on ne sait pas trop ce qu’on est en train de regarder. Durant les moments de science-fiction, basés sur la physique quantique, le temps semble comme à part, en flottement (ce qui colle avec le thème abordé), là où l’intrigue respecte les codes du thriller : tension, menaces, manipulation, violence…
La série n’est pas sans mérite : ces moments de flottement, qui ne sont pas sans rappeler certains plans de la série Dark, installent une atmosphère propice à son discours sous-jacent. Le jeu d’acteur est convaincant, l’atmosphère mystique bien rendue. Les images et la scénographie bien pensées : notamment, avec cette statue géante de la fille du fondateur d’Amaya, qui se dresse au milieu du site.
On retrouve ici le style singulier du showrunner Alex Garland. Style qui avait déjà été très remarqué dans Annihilation, film de science-fiction sorti en 2018 et disponible sur Netflix (dont on pourrait vous parler un de ces jours, tiens !). Quelques incohérences et facilités (quantiques) viennent un peu gâcher le plaisir, mais Devs garde un intérêt, ne serait-ce que celui de découvrir les enjeux qui se cachent derrière cette mystérieuse technologie. La série renonce d’ailleurs à ses aspects les plus policiers pour basculer dans la franche science-fiction durant les derniers épisodes.
Niveau ambiance musicale, c’est à nouveau surtout les instants d’anticipation, souvent soutenus par de l’ambient discrète, qui soulèvent notre curiosité. La scénographie de ces scènes est d’ailleurs souvent un cran au-dessus des moments de thriller purs et durs.
Parmi les acteur•rice•s les plus remarquables, on pointera les performances de Sonoya Mizuno (Lily), Nick Offerman (Forest, le milliardaire) et Alison Pill (Katie), avec une mention spéciale pour Alison Pill et son jeu émotionnel excessivement fin.
Devs est une série qui intéressera les amateurs d’anticipation plus que de thriller, et si les mots déterminisme, simulation, réalité, perception et théorie quantique vous titillent, elle vaut le détour.