Les 16 et 17 avril derniers, le festival Les Nuits Éclectiques battait son plein à Marbehan. Deux jours de musique alternative au coeur de la Gaume avec à l’affiche des groupes belges et internationaux. Une édition, marquée par les excellentes prestations de Jean Jean, Snapped Ankles, As A New Revolt, W!zard, The Psychotic Monks et Madmadmad, qui s’est clôturée en beauté avec le set électro atmosphérique de Tom Franck.
Jour 1
Samedi 16 avril 2022, 20h30. Après deux heures de route, nous voilà enfin arrivé·e·s au complexe du Bois des Isles. Sur scène, NYOS, duo finlandais, distille son post-rock devant une foule éparse mais réceptive. Le concert terminé, on se dirige vers le bar pour se rincer le gosier. Sur la liste des boissons disponibles : une seule pils à 2 euros. Certes, les prix sont raisonnables mais la carte manque d’une bonne bière locale. Niveau restauration, c’est Mauvaise graine qui régale les festivaliers de sa cuisine écoresponsable et végétale. Comptez tout de même 10 euros pour un dürüm falafel.
Pressé·e·s de revoir Jean Jean, on achève notre repas en frontstage. On n’en est qu’aux balances, pourtant l’excitation se lit déjà dans leurs yeux. Il faut dire qu’entre ces trois là et le public belge, c’est une histoire d’amour. En effet, Edouard, Sebastien et Gregory ne se contentent pas d’être d’excellents musiciens, ce sont également d’adorables êtres humains qu’on apprécie retrouver à chacun de leurs passages chez nous.
Ce soir, les petits frenchies se donnent comme jamais derrière leurs instruments respectifs. De Konichiwa (Froidepierre) à Coquin L’éléphant (Symmetry), on se balade à travers leur discographie. L’énergie qui se dégage de leur prestation nous emporte. Et quelle maîtrise technique ! Impressionnant et jouissif, comme à chaque fois. Vivement la sortie du nouvel album (Fog Infinite), prévue cet automne chez Black Basset Records et À Tant Rêver du Roi, et dont le premier extrait, Prey Trigger, nous donne clairement l’eau à la bouche.
La salle s’obscurcit, un flot de lumière verte éclaire la scène, quatre silhouettes se dressent devant nous. Vêtus de tenues de camouflage, oscillant entre Chewbacca et un chasseur-cueilleur néandertalien, les Londoniens de Snapped Ankles entament leur set avec le bien nommé Rhythm Is Our Business. Mélangeant rythmiques hypnotiques, synthés primitifs, rock progressif et expérimentations loufoques, le quatuor a trouvé la recette parfaite pour faire grincer nos articulations.
La journée s’achève sur ce shot de dopamine qui nous permettra de profiter de la chaleur et de la bonne humeur des Gaumais·es jusqu’au bout de la nuit.
Jour 2
Après une courte nuit de sommeil et un pain-saucisse au fromage d’Orval (une petite tuerie, soit dit en passant), nous voilà d’attaque pour entamer la deuxième journée de festival sous un soleil radieux. On arrive sur site alors que les dernières notes de Chatte Royal résonnent au loin. Impossible pour nous, donc, de vous donner notre avis sur leur prestation du jour, même si les Montois ne sont pas inconnus de nos radars. On les avait en effet découverts au Rockerill à Charleroi dans le cadre des sélections du Concours Circuit 2020 où leur math rock tantôt frénétique, tantôt atmosphérique avait fait mouche auprès des connoisseur·euse·s.
On commence la « journée » avec les Grenoblois de As A New Revolt dont les morceaux vitaminés constituent une bonne mise en jambe. Influencé par la scène underground de la côte ouest des États-Unis (Rage Against The Machine), la techno hardcore britannique (The Prodigy) et le hip-hop new yorkais de la fin des années 90 (Beastie Boys), le duo ne réinvente pas la roue musicalement parlant mais assure incontestablement en live. Ce n’est pas pour rien qu’il a notamment foulé la scène du Hellfest en 2019 et s’y produira à nouveau cette année.
W!zard prend la suite des opérations. Les compositions des Bordelais oscillent entre les rythmiques complexes du math rock, l’énergie du post-hardcore et la dissonance du noise. Un cocktail détonnant qu’il faut prendre le temps de déguster pour en découvrir tous les arômes. Au départ un peu dubitatif·ve·s, on se laissera finalement emporter par leur proposition artistique du soir dont la montée en puissance ira crescendo pour finir en apothéose grâce aux titres beaucoup plus sombres de leur dernier EP, Definitely Unfinished.
C’est au tour de The Psychotic Monks de monter sur scène. Le groupe figure clairement parmi nos coups de coeur depuis la sortie du titre It’s Gone, paru sur Silence Slowly And Madly Shines en 2017. Fidèles à eux-mêmes, les Parisiens livrent une prestation d’une intensité rare, alternant entre passages bruitistes et explosifs, et instants suspendus propices à l’introspection. Malheureusement, le public du soir ne semble pas aussi réceptif que prévu, probablement dérouté par le côté très expérimental de leurs compositions. C’est donc sous un flot continu d’allers-retours au bar et de bavardages que les Français déroulent leur discographie. Une frange de spectateurs aux oreilles plus aguerries, rassemblés en frontstage, sauve heureusement l’honneur par son écoute attentive.
S’il y a un groupe qui porte bien son nom, c’est définitivement Madmadmad. Le trio londonien composé de musiciens français propose en effet un mélange déjanté d’électro, de disco, de krautrock et de funk. La musique de Madmadmad se vit clairement plus qu’elle ne s’écoute et c’est exactement de ce genre de live fou fou fou dont on avait besoin pour finir la soirée en beauté (et en sueur). Ajoutez à cela deux heures d’un excellent set électro atmosphérique signé Tom Franck et vous aurez la recette d’un week-end musicalement riche et plus que grisant.