Le Dunk! Festival s’est donné comme mission de dénicher les plus beaux talents du moment dans le style post-rock et par-delà les collines instrumentales du genre. Luc Lievens, son organisateur, nous en dit plus dans cette interview.
Le Dunk! Festival existe depuis 2005. Comment t’est venue l’idée d’organiser ce festival?
Le Dunk! Festival a commencé en tant qu’alternative à des repas organisés par un club sportif afin de récolter des fonds. Finalement, il s’est avéré que ce n’était pas la formule idéale pour glaner de l’argent. Les premières années, c’était même tout le contraire : nous étions soutenus financièrement par le club de basket local.
La première édition a compté sur les prestations de trois groupes locaux, dans lesquels au moins un des musiciens jouait au basket. Le festival a grandi d’année en année, et pour 2013 nous avons deux podiums avec des concerts qui s’étalent sur trois jours.
De tous les groupes qui ont joué au Dunk!, quels sont tes favoris?
Presque tous les groupes qui ont joué au festival ont été ravis de l’accueil et de la possibilité de jouer dans de bonnes conditions, avec un bon support technique : 99% des groupes ont été satisfaits et certains groupes de la 3e et 4e édition ont, par moments, offert des sets héroïques à un public très limité et à des heures parfois très tardives. Le schéma horaire a été revu depuis. Cependant, ces premiers groupes qui ont parfois joué devant peu de monde, ont aidé le festival à devenir ce qu’il est aujourd’hui.
Je suis vraiment curieux de voir les lives de Labirinto et de Tangled Thoughts of Leaving qui, au niveau visuel, risquent d’être assez passionnants. Valerinne, Have.To.Be.Distanced et [ B O L T ] m’intriguent et je suis certain qu’ils sont prometteurs. Mais chaque groupe va attirer toute mon attention, si mon planning me le permet.
Peux-tu nous en dire plus sur l’édition des 29, 30 et 31 mars prochains?
Cette édition met l’accent sur les découvertes dans tout ce qui se fait en matière post-rock. Il y aura du drone assez lourd avec Stephen O’Malley, connu entre autres pour ses créations avec Sunn O))) ; du néo-classique avec des groupes comme Balmorhea ; du post-rock jazzy avec les Sud-Américains de Labirinto et du post-rock parfois bluesy avec Toundra. En programmant des groupes comme iLIKETRAINS, on veut montrer que le post-rock n’est pas seulement instrumental.
Il faut s’attendre à beaucoup de variations musicales. En plus, comme aucun groupe ne joue en même temps, vous aurez la possibilité de profiter de tous les groupes présents. Les concerts ont lieu en salle, ce qui est un avantage au cas où le temps se gâterait. Par contre, on conseille aux festivaliers qui campent de s’armer de vêtements chauds. Mais on trouvera bien une solution pour nos courageux campeurs!
Il y aura aussi des espaces pour s’asseoir, manger un bout et boire un bon verre. La zone de merchandising a également doublé par rapport à l’an dernier.
Quels sont tes groupes coup de cœur de cette édition?
Il y a toujours des groupes prêts à jouer, même pour un petit cachet, et rien que pour cela nous leur en sommes très reconnaissants. À ce niveau, des groupes comme Valerinne (Roumanie), Le Seul Élément (France), Have.to.be.distanced (République Tchèque) et [ B O L T ] (Allemagne) sont vraiment des chefs de file. Nous sommes aussi heureux lorsque des groupes moins connus qui sont programmés cette année deviennent par après les découvertes du festival.
Qu’est-ce qui importe dans l’organisation d’un tel festival?
Trouver les bonnes personnes aux bons endroits, pouvoir compter sur elles – on y est toujours parvenus ces dernières années – et offrir de la chaleur et un bon accueil au public et aux artistes.
Trouver l’équilibre dans la programmation, entre des talents méconnus et des groupes reconnus (et plus chers), qui vont attirer les festivaliers d’une manière aventureuse, certes, mais avec un côté plus populaire, pour que cela reste financièrement viable.
Attirer un maximum de bénévoles et les motiver, pas uniquement pendant le festival, mais aussi pour la promo, la construction des podiums et le rangement qui suit.
Quels sont les challenges du Dunk! Festival?
Le plus gros challenge, c’est de garder un seuil de rentabilité. Chaque année, le grand défi, c’est de savoir si assez de tickets seront vendus pour pouvoir rentrer dans nos frais. Tous les travailleurs du festival sont heureusement volontaires et ils y mettent tous du cœur à la tâche.
L’appréciation que nous recevons du monde entier est immense et nous en sommes très heureux. Nous ne cherchons absolument pas à faire des gains. Nous voulons principalement rester viables. Sinon cela deviendrait vraiment une lourde tare sur nos épaules. Heureusement ce n’est pas encore le cas.
Chaque année nous nous battons pour recevoir le soutien de diverses autorités mais ce confort n’est jamais garanti à l’avance. Si on ajoute à cela la modeste somme que nous rapportent les préventes, on est parfois obligé de revoir à la hausse le prix des tickets et le tarif des boissons, ce qui nous fait mal au cœur.
Nous sommes quand même contents de pouvoir offrir le camping et le petit-déjeuner gratuitement aux festivaliers. Le café l’est aussi pendant tout le festival!
As-tu une anecdote à nous raconter?
Un bon souvenir, c’est le concert de De Portables en 2007. Ils ont commencé à jouer vers 3h du matin, et le peu de public qui restait avait déjà bien forcé sur la bière… Un festivalier est discrètement monté sur scène et a commencé à « chanter » avec le groupe. Ce gars est bien resté une bonne quinzaine de minutes avant de se faire gentiment remballer. De Portables ont bien réagi à cette invité surprise et l’ont intégré dans leurs morceaux d’une façon créative et ludique. C’était vraiment un grand moment. Après, nous avons décidé de reconduire ce talent musical inattendu chez lui car il n’était vraiment plus en état de retrouver son chemin.
Depuis une bonne paire d’année, le label Dunk! Records est aussi très actif. Peux-tu nous expliquer ce que le label fait et quels sont les groupes à découvrir?
Dunk! Records est surtout motivé par les groupes qui sont très actifs et en lesquels on a confiance. On les aide pour la promotion et, dans la mesure du possible, financièrement. On laisse beaucoup de liberté aux groupes, parce que le DIY est un élément important dans ce genre musical. On leur file un coup de main pour la diffusion de leur musique, sur CD ou vinyle. A côté de cette offre qualitative de musique live pendant le festival et pour d’autres événements, on se porte garants de la qualité sur CD ou LP, toute l’année durant.
Dans beaucoup de cas, de nouvelles sorties sont dévoilées pendant le festival. Cette année, cela concerne Lost in Kiev (France), Kokomo (Allemagne), Celestial Wolves et Ilydaen (Belgique). Il y aura aussi le nouvel opus de Terraformer, qui ne sera pas présent lors du Dunk!.
La plupart des groupes qui sont sur notre label appartiennent aux genres les plus lourds du post-rock. On ne fait pas vraiment dans la musique calme. Tout est très intense. Chaque groupe a son propre son. Parfois par de belles parties chantées mais aussi avec des touches électroniques ou des enregistrements venus de films. Sans oublier l’omniprésence de guitares rugissantes!
Propos recueillis par Nancy Junion